Le bourbier syrien

Depuis une décennie, la guerre en Syrie est synonyme de violences et de massacres. On en finit par oublier que la crise syrienne a débuté par un grand mouvement populaire pacifiste.

16685853440_TWI.webp

La vague de contestation débute en mars 2011, dans la foulée de la Tunisie, l’Égypte, la Libye. Dans la Syrie de Bachar al-Assad, qui a succédé à son père Hafez en 2000, les manifestants s’enthousiasment pour le renversement des régimes autoritaires de Ben Ali et Moubarak. La ville de Daraya, près de Damas, est un symbole de cette mobilisation non violente. Les premiers mots d’ordre sont « Liberté, justice, dignité ».

Le mouvement naît sur fond de difficultés économiques, de corruption généralisée et d’absence de perspectives pour la jeunesse – le tout dans un contexte marqué par une montée des prix consécutive à des sécheresses survenues les années précédentes.

Au printemps 2011, sur les murs de Deraa, dans le sud du pays, des adolescents inscrivent un slogan régulièrement scandé dans les rues du monde arabe : « Le peuple veut la chute du régime ». Ils sont arrêtés puis torturés par les forces de sécurité syriennes. La mobilisation populaire s’accroît dans le pays, en même temps que la répression.

Le tournant de la militarisation

Ce cycle de mobilisation/répression cause bientôt des centaines de morts. Des militants prennent les armes pour se protéger des balles du régime. Des soldats syriens, refusant de tirer sur des compatriotes, choisissent la désertion.

publicité

À l’été 2011, un comité d’officiers rebelles réfugiés en Turquie fonde l’Armée syrienne libre (ASL), bientôt rejointe par des insurgés civils. Sur le territoire syrien, en raison des défections dans les rangs de l’armée, le gouvernement perd du terrain. La priorité du régime de Bachar al-Assad consiste alors à prévenir l’insurrection dans les grandes villes.