Le camembert, mythe français

Pierre Boisard, Odile Jacob, 2007, 300 p., 25 e.
Deuxième fromage consommé par les Français, le camembert garde une image artisanale alors que 85 % du marché est fourni par un seul industriel. Sa promotion remonte aux années 1920, lorsqu’un Américain nommé Joseph Knirim lance la légende de Marie Harel : créatrice présumée du futur camembert, cette jeune fermière du pays d’Auge aurait reçu en 1791 le conseil d’un prêtre réfractaire. Quant à la consécration de ce fromage par Napoléon III en 1863, elle est inconnue des historiens.
Inventions et astuces, recherche de la qualité par débauchage des meilleures ouvrières, fourniture aux poilus en 1915, guerres des appellations et délimitations tranchées par les tribunaux, tout concourt à brouiller les pistes de cette AOC obtenue en 1983… sans origine démontrée. « La tradition, cela s’invente » conclut P. Boisard tout en évoquant la mise en place de « crus » laitiers, à l’instar du vin. Le mythe dure encore.