Le Cercle créateur. Écrits, 2016 Francisco Varela (1946-2001)

Dès le début de son parcours universitaire chilien, Varela est perçu comme un élève « à part ». Tandis qu’à l’époque, biologie et sciences cognitives sont parfaitement dissociées, Varela, lui, va s’interroger sur la biologie de la connaissance, soit la façon dont le cerveau fonctionne et produit des savoirs. Plus tard, lorsqu’il avait à se présenter, il se décrivait volontiers comme un « biologiste de l’esprit ».

Il obtient une licence en biologie à l’université du Chili en 1967, avant d’obtenir son doctorat à Harvard. Il reviendra ensuite au Chili, afin de poursuivre ses recherches avec son mentor, Humberto Maturana. Entre 1970 et 1973, Maturana et Varela mettront au point leur théorie de l’autopoïèse. La question sur laquelle se construit cette théorie est ambitieuse : qu’est-ce qui définit un organisme vivant ? Au terme de plusieurs années de recherche, les deux chercheurs aboutissent à la conclusion que ce qui caractérise les organismes vivants est leur capacité d’autocréation. En simplifiant, on peut décrire le système autopoïétique (du grec auto, soi et poiesis, création, génération) comme un réseau de composants dont l’organisation est invariable, mais dont les parties se régénèrent et se transforment continuellement, à travers les interactions avec le réseau qui les a produites.

L’organisme vivant est donc un système qui comprend une description de lui-même servant à la reproduction. Il est autonome (l’ADN produit les protéines qui produisent l’ARN), et il agit de façon circulaire avec son environnement, dans une perspective de préservation ou bien d’adaptation (l’ADN peut muter à la suite des contraintes de l’environnement).