Le Clientélisme politique dans les sociétés contemporaines

Jean-Louis Briquet et Frédéric Sawicki (dir.), Puf, 1998, 336 p., 148 F.

Le clientélisme politique n'est pas propre aux sociétés traditionnelles ni aux régimes des pays en voie de développement. Non seulement il s'observe dans les sociétés modernes, mais encore il se révèle indissociable du processus de démocratisation lui-même.

Telle est la double thèse défendue par la dizaine de contributions réunies dans le présent ouvrage, en nous faisant tour à tour découvrir les pratiques clientélistes d'hier et d'aujourd'hui, dans des Etats africains mais aussi au Japon, au Brésil et dans des pays européens, comme l'Italie et la France.

Revenant sur les pratiques électorales sous la IIIe République, Alain Garrigou montre en particulier comment, en se propageant en même temps que le droit de vote, le clientélisme politique a, en France, concouru paradoxalement à l'apprentissage des pratiques électorales.

Même si, la démocratisation aidant, le clientélisme politique est souvent condamné, il peut survivre sous d'autres formes. Quand il ne consiste pas en un simple échange de faveurs contre des voix entre un candidat et des électeurs (clientélisme électoral), il peut consister à mobiliser à l'occasion d'une campagne électorale des réseaux de soutien informels (clientélisme populaire). Comme le précise Jean-François Médard dans la postface, le clientélisme est une forme parmi d'autres de corruption dont la particularité est d'être davantage fondée sur un « échange social » que sur un échange strictement économique. A ce titre, c'est un objet d'étude qui mérite l'attention de la science politique, même si c'est au prix d'une ouverture vers l'anthropologie ou la sociologie de l'échange. C'est tout le mérite de cet ouvrage que de le rappeler, alors que les politologues semblent depuis quelques années délaisser le clientélisme au profit de thèmes en apparence plus actuels, comme la corruption.

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