Portes qui claquent
Ce qui motive le comportement humain n’est pas la libido, comme l’assène Freud, mais principalement la tentative permanente de surmonter un complexe d’infériorité enraciné dans l’enfance. Voici la thèse d’Alfred Adler (1870-1937), premier président de la Société psychanalytique de Vienne. Les dissensions avec son mentor le contraignent à claquer la porte du mouvement en 1911 et à fonder la Société pour une psychanalyse libre (qui deviendra la Société de psychologie individuelle deux ans plus tard). Il est suivi par neuf des 33 membres du cénacle freudien. Un cas parmi d’autres dans une longue hémorragie de disciples…
Une vie aux forceps
Sa propre existence a été riche d’inspiration pour sa théorie. Adler a souffert de graves soucis de santé durant toute son enfance. Il a perdu un frère cadet et jalousait son frère aîné, de constitution plus robuste. À l’école, ça n’était guère mieux : ses résultats catastrophiques en mathématiques ont failli compromettre définitivement son parcours scolaire, mais, au prix d’un redoublement, il est devenu premier de sa classe. Et c’est après une pneumonie qui a failli lui être fatale qu’il a décidé de devenir médecin, ophtalmologue puis psychiatre. Il est devenu un fidèle de Freud en 1902, après avoir affirmé son soutien à l’Interprétation des rêves. Ce qui pouvait alors compromettre une carrière, tant l’auteur passait pour un marginal.
• Alfred Adler. (1933). Payot, 2002. • Catherine Rager. . Chronique sociale, 2005.