Le Comportement animal et humain

konrad lorenz, 1965, trad. fr. 1970, rééd. Seuil, coll. « Points essais », 1974.
1965 konrad lorenz

Konrad Lorenz (1903-1989), l'un des fondateurs de l'éthologie (étude du comportement animal) reste pour le grand public « l'homme aux oies cendrées ». Nombre de photos le montrent entouré d'une petite famille d'oies qui le suivent comme s'il était leur mère. Dès les années 30, Lorenz avait démontré qu'en remplaçant la mère par un objet-leurre - une poule, un chat ou un humain - les nouveau-nés considèrent ce substitut comme leur mère. Ce mécanisme d'« empreinte » montre bien comment se marient l'instinct et l'apprentissage. Chez l'oie, suivre le premier être vivant rencontré à la naissance est un instinct. Mais l'objet de l'attachement - mère naturelle ou substitut - dépend de l'expérience. Ce lien entre instinct et comportement sera le thème dominant de l'oeuvre de Lorenz. Trois essais sur le comportement animal et humain s'ouvre justement par une étude sur le sujet. « La formation d'un acte instinctif ressemble à celle d'un organe. » Comme Charles Darwin l'avait soutenu, les comportements complexes (fabrication d'un nid, migration) sont des produits de la sélection naturelle transmis héréditairement, au même titre que la forme d'un organe. La réalité de l'instinct est attestée par l'existence d'une « réaction à vide » où l'animal réalise une séquence d'acte indépendamment de support réel. C'est le cas de cet étourneau, élevé par Lorenz dans son appartement, nourri par ses soins, et qui chassait des insectes imaginaires en réalisant toute la séquence de conduite de son espèce : poursuite au vol, saisie du bec, déglutition.