Au premier regard, La femme romaine ressemble à un catalogue de mode qu’un farceur nous présenterait comme exhumé de Pompéi. Un beau livre qui enchaîne des portraits de Romaines d’il y a vingt siècles, vêtues selon leur statut social : de Lupa la prostituée jusqu’au haut du panier avec Julie, fille de l’empereur Auguste… Mais toute cette iconographie largement commentée est surtout prétexte à une excursion dans un monde peu connu : celui du deuxième sexe au temps de la Rome triomphante.
On y apprend, images à l’appui, l’art du maquillage, la raison d’être de telle pièce de vêtement, les diktats pesant sur le comportement féminin, et aussi les ruses qui permettaient de contourner ces contraintes. Surgit une image nuancée de la femme d’alors. A l’instauration de l’Empire par Auguste en 27 avant notre ère, le programme social est clair : les femmes sont là pour enfanter et obéir à leur mari. Bien que juridiquement mineures, elles vont réussir à gérer des patrimoines, à influencer des politiques, bref, à s’affranchir pour partie de la domination masculine… A travers les tissus se tisse alors l’histoire d’une émancipation des Romaines, processus qui, bien que limité dans ses circonstances et son ampleur, n’en fut pas moins réel.
François Gilbert et Danielle Chastenet, La Femme romaine. Au début de l’Empire, Errance, 2007.