Catherine Labrusse-Riou est professeur de droit privé à l'université Paris-I, responsable du département Sciences et droit du Centre de recherche en droit privé (CNRS). Parmi ses publications : La Recherche sur l'embryon. Qualifications et enjeux, (avec Bertrand Mathieu et Noël-Jean Mazen), Études hospitalières, 2000.
Sciences Humaines : Les débats actuels sur les biotechnologies se sont cristallisés sur le statut et l'utilisation du corps humain. Selon vous, la question centrale est de savoir si le droit du corps doit être régi par le droit des personnes ou celui des biens.
Catherine Labrusse-Riou : Le corps est régi par les deux de manière ambiguë, et cela reste une question énigmatique pour les juristes. Par exemple, qu'est-ce en droit qu'une prothèse ? Tant qu'elle n'est pas dans le corps, c'est un bien, une marchandise. Implantée dans un corps humain, elle devient un élément du corps indissociable de la personne. Autre illustration : dans quelle mesure l'identification d'un gène humain peut-elle faire l'objet d'une protection commerciale au moyen d'un brevet ? Les enjeux de la réponse, positive ou négative, sont considérables.