Le duel Charcot / Bernheim 1884, Nancy

Hypnose contre suggestion

Loin des dorures de l’Académie de médecine et de l’amphithéâtre de la Salpêtrière où Charcot stupéfie le Tout-Paris, c’est depuis un hangar aux abords de Nancy que va naître une des querelles les plus fameuses de l’histoire de la psychologie française. Auguste Liébeault (1823-1904) s’y est installé en 1882, l’année même de la description de la grande hystérie par Charcot. Liébault expérimente l’hypnose avec une certaine Mme C. dans une formule traditionnelle qui rappelle le somnambulisme artificiel de Puységur : la patiente, en transe, se prescrit ses propres remèdes. Mais Liébeault découvre que la prise en charge plus efficace, c’est tout simplement que le thérapeute se montre directif. Hippolyte Bernheim (1840-1919), professeur de médecine à la faculté de Nancy, lui rend visite et n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles. Ni une, ni deux : Bernheim publie De la suggestion dans l’état hypnotique et dans l’état de veille (1884), puis De la suggestion et de ses applications à la thérapeutique (1886), où il prend l’exact contre-pied de Charcot.

• Hippolyte Bernheim. (1891). Fayard, 1995. • Cathy Bernheim. . JBZ & Cie, 2011.