Le Hamas et le monde

Le Hamas et le monde, Leila Seurat, CNRS, 2015, 344 p., 25 €.

Comment penser la « politique étrangère » d’une organisation aussi médiatisée que méconnue telle que le Hamas ? C’est le défi que s’est lancé Leila Seurat, chercheuse en science politique, dans son dernier ouvrage Le Hamas et le monde. À partir d’une série d’enquêtes réalisées entre 2011 et 2014 dans divers pays du Moyen-Orient (notamment à Gaza, en Cisjordanie et en Syrie), elle dresse une cartographie des relations qu’entretient le Hamas avec d’autres acteurs internationaux – étatiques ou non étatiques – en fonction d’intérêts hybrides, fluctuants, voire contradictoires. Disqualifiant l’approche unilatérale qui consiste à se focaliser uniquement sur la dimension religieuse de l’identité du Hamas, elle propose de saisir les tensions qui traversent l’action politique d’une organisation considérée par la plupart des États occidentaux comme un paria. Entre quête de reconnaissance à l’étranger et volonté de concurrencer ses propres rivaux nationalistes et islamistes notamment à l’intérieur de la bande de Gaza, le Hamas se présente comme un acteur politique au caractère à la fois exceptionnel et banal, à la croisée de la force et du droit.