Le Liban éclaté

Longtemps prospère, le Liban bascule dans la guerre au début des années 1970. Un conflit protéiforme et complexe qui ravage le pays jusqu’en 1990.

Ancienne région de l’Empire ottoman, le Liban, né en 1920, devient indépendant en 1943. Il maintient un équilibre politique entre les différentes composantes de sa société, grâce au « Pacte national » : les postes gouvernementaux et les emplois publics sont répartis en fonction des poids respectifs des communautés religieuses. Les chrétiens (qui jouissent d’un avantage certain) acceptent une intégration de forme au monde arabe et les musulmans (sunnites notamment) adhèrent au principe d’un État libanais souverain géré selon le système du confessionnalisme politique.

 

Les racines de la guerre

La création d’Israël et l’afflux de réfugiés palestiniens, les craintes syriennes de coups d’État fomentés à partir du Liban, les guerres israélo-arabes et la montée du nationalisme arabe exacerbent les contradictions internes libanaises. Le Liban est en effet fragilisé par l’exode rural, le choc culturel entre sociétés montagnardes et urbaines, le décalage éducationnel et, par conséquent, démographique entre communautés (les chrétiens ayant accédé plus tôt à l’éducation). Le précaire compromis politique entre communautés est rompu après l’expulsion violente des Palestiniens de Jordanie (Septembre noir, 1970). Repliés au Liban, ceux-ci en font le lieu d’élection de leur lutte contre Israël. Les représailles israéliennes qui en résultent sont censées pousser l’État libanais à combattre la présence palestinienne. Mais les divisions libanaises neutralisent l’armée en 1970. En effet, les Palestiniens ont la sympathie des sunnites, sensibles au nationalisme arabe, et l’appui du leader druze Kamal Joumblatt, qui souhaite profiter de leur lutte pour abolir le système confessionnel libanais et accéder aux postes suprêmes dont sont exclus les Druzes. Les chrétiens, eux, redoutent les conséquences et les abus de l’action armée palestinienne qui menace la souveraineté du Liban. Leurs principaux chefs se regroupent en un Front libanais pour faire face aux partis musulmans et transcommunautaires pro-palestiniens menés par Kamal Joumblatt.