Le métier de Conseiller/ère d'Orientation-Psychologue : réalités et perspectives

Accueillir et évaluer les élèves, les empêcher de décrocher... Mais aussi conseiller les professeurs et la direction de l'établissement : les missions des COP (Conseillers/ères d’Orientation-Psychologues) sont nombreuses, et souvent méconnues. Comment devient-on COP ? Quelles sont les conditions de travail, les perspectives d'avenir ? Quelles sont les spécificités françaises par rapport à nos voisins européens ? Le Cercle Psy a enquêté.
Les COP (Conseillers/ères d’Orientation-Psychologues) n’ont pas très bonne presse. En général, quand on demande à un jeune s’il a rencontré un COP durant sa scolarité et si cela l’a aidé, il répond, soit qu’il ne voit pas de quoi ou de qui l’on parle, soit que la personne a été nulle et qu’elle l’a mal orienté. Alors, est-ce vraiment un métier d’incompétents ? Si non, comment expliquer qu’ils ne soient pas bien perçus ? Comment travaillent-ils ? Quels sont leur rôle et leurs missions ? Comment sont-ils recrutés ? Doivent-ils, vont-ils et veulent-ils évoluer ? Et en Europe, comme se débrouillent nos voisins ? Autant de questions posées à des COP aux profils, parcours et points de vue différents.

Qui devient COP et comment ?

Les COP sont des fonctionnaires de l’Education nationale. Pour faire partie de leur corps (4 400 postes), il faut donc passer un concours. Celui-ci est accessible avec une licence de psychologie, et se compose de deux épreuves écrites (des questions de psychologie et une dissertation d’économie) et de deux épreuves orales (entretien de motivation et questions sur l’éducation et la formation). Chaque année, les admis sont au nombre de 50 pour une moyenne de 1 000-1 500 inscrits. Les heureux élus partent ensuite deux ans en formation dans un des quatre centres existants (Paris, Lille, Rennes et Aix-en-Provence). A l’issue, ils obtiennent l’équivalent d’un master de psychologie (ils peuvent prétendre au titre de psychologue) et sont affectés au sein d’une académie.
En théorie, on peut donc être COP titulaire à 23 ans. Mais dans la pratique, les parcours sont souvent moins linéaires. Amande Gallarotti est en deuxième année de formation à Paris. Elle décrit sa promotion : « Nous sommes 20, et seulement une personne sort tout droit de licence ! A peu près la moitié des stagiaires ont eu d’autres métiers avant : on a un informaticien, d’anciens profs, une esthéticienne, une personne qui a travaillé dans le tourisme… L’autre moitié est composée de gens qui ont été COP contractuels avant de réussir le concours. Il faut dire que celui-ci est difficile, surtout si l’on n’a qu’une licence. 60-70% des stagiaires ont plus qu’un bac +3 en psychologie. » Elle-même a un parcours atypique. Après un bac S, elle s’oriente vers une licence de mathématiques appliquées aux sciences sociales, car elle a le profil d’une « bonne en sciences ». Puis, elle arrête, fait plein de petits boulots pendant deux ans, avant de reprendre des études de psycho tout en travaillant à mi-temps comme pionne dans un lycée. En master, elle choisit la psychologie du travail, car « c’est une spécialité qui offre des débouchés » et qu’elle a envie d’aller vers l’insertion, l’orientation scolaire ou professionnelle. Son master en poche, elle souhaite intégrer la fonction publique dont elle épouse les principes (être au service de tous, travailler pour l’Etat…). Le métier de COP l’intéresse, et elle est embauchée à l’ONISEP (office national d’information sur les enseignements et les professions) en tant que rédactrice, avant de passer et de réussir le concours de COP l’année suivante. Aujourd’hui stagiaire, elle ne trouve pas la formation redondante par rapport à son master de psychologie du travail. Les enseignements s’articulent autour de trois axes : la pratique professionnelle à travers des stages de terrain ; la connaissance du système éducatif, du monde du travail et des institutions ; et la psychologie propre à l’orientation (pratique de l’entretien, dynamique de groupe, processus de choix, influence des pairs et de la famille dans les prises de décisions…).
David Schwab, COP depuis quelques années, revient sur sa formation. Deux cours l’ont particulièrement marqué. L’un portait sur les différences hommes-femmes. Les questions des stagiaires leur étaient renvoyées : ils devaient prouver pourquoi tel métier ne pouvait être exercé par un homme ou une femme. Les évidences étaient sans cesse bousculées. Il en garde une vigilance quotidienne (dire les métiers toujours au féminin et au masculin, reprendre les erreurs des élèves et des professeurs…). L’autre module portait sur la pratique de l’entretien, l’alliance de travail, la manière de relancer… Là aussi, sa pratique et ses choix professionnels en gardent l’empreinte.

Le métier des COP

Le COP a deux lieux de travail : il rencontre des jeunes et des adultes au sein des CIO (Centres d’Information et d’Orientation, lieux d’accueil et de documentation), et il intervient dans les établissements scolaires (2 à 5 établissements à la charge de chaque COP). Dans les CIO, il reçoit en entretiens individuels tous types de publics (collégiens, lycéens, étudiants, chômeurs, salariés) à la recherche d’informations et de conseils. Dans les établissements, il rencontre les jeunes individuellement, parfois accompagnés de leurs parents, et intervient aussi collectivement dans les classes. Il joue également un rôle de conseiller/ère technique auprès de l’équipe éducative et de la direction (information/formation des professeurs, élaboration du programme d’orientation en lien avec le chef d’établissement, participation aux conseils de classes…). Enfin, il intervient auprès des « publics à besoins spécifiques ». Par exemple, il réalise des examens psychologiques pour évaluer si les difficultés scolaires de certains élèves relèvent d’un handicap cognitif, et il appuie si besoin une demande d’orientation vers une structure adaptée. Autre exemple, il participe au repérage, au suivi et à la prévention du décrochage scolaire.