Le mystérieux royaume des Lullubis

À l’automne 2019, des archéologues français partiront en Irak poursuivre des fouilles exceptionnelles : la découverte d’un royaume mésopotamien méconnu, celui des Lullubis.

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Une ville inconnue vieille de plus de 4 000 ans… Voilà ce qu’une équipe d’archéologues français a découvert en 2012, dans le Kurdistan irakien, sur le site de Kunara. Situé près des monts Zagros, non loin de la frontière irano-irakienne, le site a longtemps été inaccessible à cause de la guerre. Depuis 2011, le Kurdistan est enfin ouvert aux missions étrangères, et les fouilles se multiplient. Sur une dizaine d’hectares, les fouilles de Kunara ont révélé les vestiges inattendus de bâtiments aux soubassements en pierre. Au milieu, une centaine de tablettes, dont aucune n’a encore livré le nom antique de cette ville. Mais l’écriture cunéiforme permet d’intégrer le site dans l’espace civilisationnel de la Mésopotamie.

Qui étaient les habitants de cette ville anonyme ? Au 23e siècle av. J.C., l’empire d’Akkad, qui domine la Mésopotamie, est à son apogée. Naram-Sin (- 2254/- 2218) se proclame roi du monde, littéralement « roi des quatre régions », et multiplie les conquêtes. Or une stèle conservée au musée du Louvre le montre en train de triompher d’un peuple des montagnes, les Lullubis. D’eux, on savait jusque-là peu de choses. Une des plus anciennes mentions les concernant apparaît dans l’épopée sumérienne de Lugalbanda, roi légendaire d’Uruk et père de Gilgamesh. En route pour assiéger la ville d’Aratta, Lugalbanda aurait fait appel à Anzu, un oiseau à tête de lion qui se trouvait dans les montagnes des Lullubis. Mais tout cela reste de l’ordre de la légende. D’où l’importance de ces fouilles qui nous offrent une fenêtre inédite sur ce peuple. Si les tablettes sont écrites en akkadien, la présence de toponymes et de noms étrangers laisse penser qu’il existait une langue locale différente.