Le neurocoaching : un miroir aux alouettes ?

Le neurocoaching 
est une forme d’accompagnement professionnel 
ou personnel, qui 
se veut basée sur 
les enseignements des neurosciences. Quels sont 
ses fondements scientifiques ? Comment est formé un neurocoach ?

En plein essor depuis quelques années en France, le coaching regroupe aujourd’hui environ 1 500 professionnels formés à diverses approches (1). Les grandes entreprises privées comme les administrations publiques font appel à leurs services sur des problématiques liées au monde du travail (conflits d’équipe, de leadership, stress, etc.). Mais le coaching individuel n’est pas en reste. Des particuliers consultent de plus en plus pour des motifs variés (confiance en soi, forme physique). Les coaches sont généralement formés à diverses approches thérapeutiques leur permettant de se réclamer d’une « spécialité », comme par exemple le coaching systémique, gestaltiste ou par analyse transactionnelle. Or, depuis peu apparaissent en France des coaches spécialisés dans les neurosciences, dont certains se sont formés à l’Institut de Neurocognitivisme (INC) à Paris. Fondée en 2008, il est issu de l’Institut de Médecine Environnementale (IME). Cet institut privé créé en 1987 est constitué d’une vingtaine de salariés (psychologues, neuropsychologues et consultants en entreprise), répartis en un pôle recherche en neuro­sciences cognitives et comportementales, et un pôle conseil auprès des entreprises. L’IME propose ainsi des formations sur le management, la gestion des risques psychosociaux, des motivations et du stress, et travaille notamment avec la SNCF, EDF, GDF-Suez et des hôpitaux publics.

L’institut a élaboré son propre outil : l’approche neurocognitive et comportementale (ANC). Celle-ci s’appuie sur l’étude des mécanismes cérébraux à l’origine de nos prises de décision et de nos comportements. L’objectif ? Les décoder, pour les rendre accessibles à tout un chacun. L’approche neurocognitive et comportementale s’inscrit dans la mouvance des thérapies de la troisième vague, comme la thérapie d’acceptation et d’engagement* ou les thérapies de pleine conscience* (2).

Mais quelles sont les bases théoriques du neurocoaching ? Cette approche s’inspire de la psychologie cognitive et des études sur le cerveau. Ces dernières ont amené à distinguer deux modes de traitement de l’information : un mode automatique pour les activités simples et connues, et un mode adaptatif pour les situations nouvelles ou plus complexes. Les régions basses et postérieures du cerveau (système limbique, hippocampe, amygdale) semblent associées aux activités automatiques, et les régions préfrontales, plus récentes, au mode adaptatif. Prenons un exemple : la gestion des émotions. Les psychologues Diego Fernandez-Duque et Michael Posner (3) ont étudié les réactions humaines dans un contexte menaçant. La réaction automatique dans cette situation consiste à focaliser son attention sur le déclencheur (la menace) et à réagir directement à celui-ci (panique, agressivité, etc.). Les zones antérieures du cerveau (tel le cortex préfrontal) permettraient, au contraire, de rationaliser et d’inhiber les émotions négatives, afin de mieux s’adapter aux situations anxiogènes. Nous avons donc d’un côté un fonctionnement spontané et souvent mal adapté, et de l’autre une réaction plus réfléchie et mesurée.