Les centrales nucléaires sont-elles des organisations comme les autres ? C'est à cette question cruciale qu'entend répondre Mathilde Bourrier, à travers l'étude de quatre établissements : le Bugey et Nogent en France, Diablo Canyon et North Anna aux Etats-Unis. Pour ce faire, elle cherche à tester les modèles établis par la recherche sociologique sur les organisations dites « à haut risque ». L'auteur accorde une attention particulière à la théorie des organisations hautement fiables, élaborée par un groupe de chercheurs de l'université de Berkeley. Ces derniers ont émis l'hypothèse d'une culture de la fiabilité fondée sur quelques principes : redondance des canaux de décision et des procédures de contrôle, consensus sur les buts de l'organisation, recyclage et formation des opérateurs, centralisation des décisions... Selon une autre approche, d'inspiration psycho-ergonomique, les dispositifs de procédure et de contrôle ne peuvent prévoir toutes les situations : la théorie du contournement affirme que les opérateurs sont obligés de contourner les règles pour faire tourner la machine, et que c'est sur cette compétence tacite que se fonde la fiabilité organisationnelle.
Marc Olano