Le numérique à l'école / Tous croyants

Les dessous troublants du numérique à l’école

À propos de l’interview de Philippe Cottier dans notre mensuel numéro 290 (mars 2017), « Les lycéens n’ont pas le sens inné du numérique », par Sophie Viguier-Vinson, nous avons reçu de Pierre Chalier les remarques suivantes :

Pronote est une application commercialisée par une société privée, qui ne peut être utilisée de manière générique. La citer, c’est faire une publicité (non voulue peut-être) à la société Index-Éducation, alors qu’il existe une autre compagnie, la société OMT, sans compter la mise à disposition par l’Éducation nationale elle-même d’une application, pour le même objectif et le même service.

Par ailleurs, la « fracture numérique » est un fait et l’on sait pourquoi : la recherche et l’utilisation de l’information sont d’autant mieux maîtrisées qu’elles s’appuient sur une idéologie scolaire bien intégrée par l’élève (voir Pierre Chalier, « Le décrochage », Les Cahiers pédagogiques, avril 2012).

Enfin, les espaces numériques de travail (ENT) ont été une aubaine pour IBM, qui les a portés sur les fonts baptismaux, créant des filiales qui se sont enrichies sur les fonds publics des collectivités territoriales. Que ne l’a-t-on pas dénoncé ? À l’origine, IBM soutirait environ 1 400 euros aux établissements publics d’enseignement pour leur participation à l’expérimentation. La connectivité, l’utilisation du numérique, est d’abord un marché avant d’être une pratique dite « pédagogique » pour que les riches (puis les pauvres plus tard) s’équipent d’ordinateurs (portables si possible, car ça rapporte davantage), de tablettes et de smartphones dernier cri. On devrait s’intéresser à la manière dont le ministère de l’Éducation nationale collabore avec Microsoft pour mettre son Suite Office entre les mains des établissements, de leurs administrations, de leurs enseignants et des élèves, au détriment des logiciels libres !