Docteur en relations internationales et spécialiste des questions énergétiques mondiales, Philippe Copinschi est maître de conférences à Science Po et consultant dans le domaine de l’énergie. Il a publié Le Pétrole, une ressource stratégique, La Documentation française, 2012.
Les premiers forages de pétrole du Moyen-Orient datent des années 1920. Est-ce une découverte tardive ?
Parce qu’il affleure directement le sol dans certaines régions du monde, le pétrole est connu depuis l’Antiquité et utilisé comme arme de guerre ou pour le calfatage des navires. Mais c’est seulement au 19e siècle, avec la Révolution industrielle, que l’on se met à creuser le sol pour en chercher. La demande s’envole à partir de la fin du 19e siècle, avec l’essor de l’industrie automobile puis aéronautique. L’industrie pétrolière est alors concentrée aux États-Unis, bien que l’on commence également à trouver du pétrole en Amérique latine, en Roumanie, en Indonésie, en Azerbaïdjan, puis dans l’Iran et l’Irak actuels. Les premières grandes découvertes dans la péninsule Arabique, elles, n’ont lieu que dans les années 1930, à Bahreïn, au Koweït, en Arabie saoudite et dans les Émirats.
Pourquoi le pétrole est-il devenu un enjeu géopolitique au Moyen-Orient ?
Le Moyen-Orient devient un centre pétrolier majeur après 1945. Les compagnies de pétrole (anglo-saxonnes pour la plupart) s’y intéressent car les réserves qui y ont été découvertes sont les plus importantes au monde et sont faciles d’accès. La région est désertique, proche des côtes et peu peuplée. Les régimes politiques y sont plutôt faibles, ce qui facilite la négociation des prix et de la législation. Tout cela contribue à amoindrir les coûts de production, qui sont donc beaucoup plus avantageux qu’ailleurs.