Le président des États-Unis consacre la méthode Coué 1923, Washington

Émile au zénith

« Pas trop de détails, je vous en prie. » Voilà ce qu’entendaient parfois les patients d’Émile Coué (1857-1926), superstar des psychothérapies pendant les années folles. Il ne se soucie aucunement du passé de ses patients, de leur énergie sexuelle, de leur rapport aux parents. Il se contrefiche également du transfert, et voit l’inconscient comme un enfant un peu lourdaud et obéissant, pas du tout comme le gigantesque et cannibalisant « Ça » » freudien. Et pourtant, quelle efficacité ! Quelle réputation ! Depuis ses premiers succès pendant la Guerre auprès des soldats blessés et de femmes désemparées, sa clientèle s’est tellement élargie qu’on vient même de l’étranger pour le consulter comme une sommité médicale.

Non seulement l’étranger va à lui, mais il va à l’étranger. Ce petit bonhomme à la bonne bouille, ancien pharmacien à Troyes établi à Nancy en 1910, s’exporte dans toute l’Europe, jusqu’en URSS, et même aux États-Unis, en 1923, où il devient la vedette de Broadway, donne 80 conférences et rencontre le président Calvin Coolidge. De faux partisans de sa méthode sont mis sous les verrous à Chicago. Ah mais ! Dans les années 1920, à Berlin, Karl Abraham (1877-1925) fustige la méthode, tandis qu’à Londres Ernest Jones (1879-1958) part en guerre contre les psychanalystes qui surfent sur le succès de la méthode Coué en prétendant l’appliquer. Le thérapeute Charles Baudouin (1893-1963), premier disciple de Coué, se risque d’ailleurs au grand écart en proposant la synthèse entre Freud et Coué. Après tout, à l’époque, ils sont bonnet blanc et blanc bonnet aux yeux du grand public.

• Émile Coué. (1926.) Marabout, 2013. • Hervé Guillemain. . Seuil, 2010.