Le prix des choses

En tant que journaliste, je n’ai pas souvent l’occasion de parler du prix des choses avec nos lecteurs. Mais Jean-Louis Coste d’Aléo, professeur de lettres dans le Val-d’Oise, m’a sorti de ma torpeur en nous adressant une amicale remontrance. Il s’est procuré le dernier Les Grands Dossiers Histoire (hors-série, n° 3, « La nouvelle histoire du monde », décembre 2014/janvier 2015), dont il a apprécié le contenu. Mais, le prix (12 €) lui a semblé « prohibitif », et, ajoutait-il, « si les livres de poche n’avaient pas, eux aussi, augmenté, votre numéro serait beaucoup plus cher qu’un livre ». Tous les magazines, c’est vrai, ne sont pas au même prix. L’autre jour, j’ai soupesé un rutilant mensuel de plus de 200 pages vendu… 2,20 €. Prix imbattable. Cela dit, le dossier annoncé en couverture commençait au-delà de la page 80, et comportait 5 pages. J’ai fait un petit bilan : au total, environ 38 pages de lectures diverses (dont l’horoscope), 47 de photos de mode, 6 pages de reportage (surtout photo) et 4 de cuisine (surtout photo). Le reste, c’est de la pub, ou assimilé, soit 57 % du journal. Bien, donc, comparons ce qui est comparable. Avec ses 108 pages de lecture utile, dont 17 demi-pages de cartes inédites, autant de photos d’ouverture et pas de publicité, notre numéro donne autant à lire qu’un livre. Jean-Louis Coste d’Aléo, de ce point de vue, n’a pas tort de faire la comparaison. Mais notre hors-série est-il plus cher qu’un livre ? Dans le doute, j’ai consulté ma collègue éditrice, Véronique Bedin. Transformé en livre de poche, notre « spécial » offrirait 150 pages de lecture, et serait vendu minimum 8 €. Jean-Louis Coste a-t-il raison ? Oui, mais sans les cartes, impossibles à insérer dans un « poche ». Pour conserver ces informations essentielles vu la nature du sujet, il faudrait un livre grand format, ce qui veut dire un prix public d’environ 15 à 17 €. Finalement, payer 12 € est encore la manière la plus économique et pratique d’avoir accès à l’intégralité de ce dossier exceptionnel, résultat du travail original de Laurent Testot, journaliste, avec l’aide de René-Éric Dagorn, enseignant d’histoire et de géographie, entre autres à l’IEP-Paris. Et l’avantage d’un magazine, c’est aussi qu’on le trouve au coin de la rue…