Le propre de l'homme. Entre le corps et l'esprit

Bien avant la naissance des sciences humaines, les philosophes avaient réfléchi à l’être humain et à sa place parmi les autres êtres vivants : était-il un animal comme les autres ou en quoi s’en distinguait-il ?

Aristote : L’homme est un animal politique

Aristote a défini l’homme comme un « animal politique ». Qu’entendait-il par là ? « La cité est au nombre des réalités qui existent naturellement, et l’homme est par nature un animal politique (1)

Il faut d’abord comprendre « animal politique » par « animal social », c’est-à-dire que les humains vivent en communauté (2). Aristote précise cependant dans le paragraphe suivant que les humains ne sont pas les seuls à vivre en société : les abeilles vivent en essaim par exemple. Aristote a étudié la vie de nombreux animaux (il a d’ailleurs écrit une Histoire des animaux), il sait que de nombreux animaux vivent en société comme les fourmis, les rats ou les loups.

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Il faut donc trouver un critère distinctif supplé­mentaire à la vie en groupe pour définir l’humain.

« L’homme, seul de tous les animaux, possède la parole », précise donc Aristote. C’est donc le langage qui serait l’élément supplémentaire à l’être humain. Mais là encore, Aristote est perspicace et bien informé : il sait que les animaux communiquent entre eux par des cris, des mimiques, des postures. Ce langage animal, cependant, est élémentaire : il ne « sert qu’à indiquer la joie et la peine, et (…) se les signifier les uns aux autres ».

Les humains disposent en particulier d’un langage plus perfectionné qui leur sert à exprimer « l’utile et le nuisible, et, par suite aussi, le juste de l’injuste ». Voilà donc le « propre de l’homme » selon Aristote : « par rapport aux autres animaux, il est le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. »