Le raisonnement médical

Alain-Charles Masquelet, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2006, 128 p., 8 e.
Bien que la frontière entre le normal et le pathologique ne soit pas toujours bien nette, le patient qui consulte n’est guère sensible à ces nuances. Il se sent réellement malade et presse son médecin de lui répondre au plus vite sur trois points : l’identification de son mal, son évolution probable, les moyens de le soigner. Or s’il existe un domaine comportant une part irréductible d’incertitude, c’est bien celui de la médecine. Après avoir évoqué les grands tournants de la construction du raisonnement médical occidental, depuis ses origines hippocratiques, l’auteur en analyse chaque étape de manière détaillée : le diagnostic, le pronostic, la thérapeutique.
Toutes trois procèdent d’une succession de décisions : « On peut dire que le propre de l’activité d’un médecin actuellement est de raisonner en vue d’une décision alors que l’activité du médecin au xixe siècle et au début du xxe siècle était d’interpréter », souligne-t-il. Reste qu’aucune de ces décisions ne peut se prévaloir d’être la bonne ou la seule possible. Alain-Charles Masquelet évoque alors quelques éléments des tentatives d’approche formelle qui ont
permis de mieux cerner les mécanismes mentaux mis en jeu dans le raisonnement médical, tout en avertissant des dangers d’une application mécanique de techniques d’aide à la décision. Ce petit ouvrage a le grand mérite d’être à la fois très informatif sur un sujet complexe, mais qui concerne tout le monde (médecins et patients, actuels ou potentiels), et de laisser la place à un regard critique, sur la base des éléments, scientifiques, historiques et socio-philosophiques qui sont proposés au fil du raisonnement.