Le retour du criminel-né ?

Et si le comportement des criminels était inscrit dans leurs gènes ? C’est ce que soutient Adrian Raine, « neuro-criminologue » britannique expatrié aux États-Unis, dans un récent ouvrage. Un parfum de polémique ?

Après de brillantes études de psychologie à Oxford et à York, Adrian Raine émigre en Californie à la fin des années 1980. Deux raisons motivent ce choix, explique-t-il avec la spontanéité qui le caractérise : le climat… et la plus grande accessibilité des criminels à des fins de recherche que dans son Angleterre natale. « Neuro-criminologue » auto-proclamé, l’universitaire britannique séduit par le soleil californien est surtout le premier chercheur à avoir eu l’idée de « scanner » le cerveau de criminels. En 1994, il utilise le PET scan* pour enregistrer l’activité cérébrale de 41 prisonniers américains. Dans quel but ? Prouver qu’il existe des marqueurs génétiques et biologiques prédisposant au crime. La suite de ses travaux ne déviera pas de cette optique. Près de deux décennies de recherches, de méta-analyses et d’études longitudinales qu’il résume dans un livre paru récemment, The Anatomy of Violence, sommairement sous-titré The Biological Roots of Crime [L’anatomie de la violence. Les racines biologiques du crime, ndlr] (1). L’ouvrage est diversement accueilli par les médias anglo-saxons : alors qu’un article du Guardian salue des travaux qui brisent un tabou (2), une critique du New York Times évoque un livre provocateur, et décèle dans ces écrits des relents de thèses que l’on croyait enfouies depuis longtemps, telle la théorie du criminel-né de Cesare Lombroso* à la fin du XIXe siècle (3). Le théoricien italien est d’ailleurs réhabilité par Raine, pour avoir eu « l’intuition » d’une spécificité d’ordre biologique chez les criminels.

Le cerveau « cassé » des criminels