Le Rojava, une oasis au sein du chaos

Dans le chaos généré par la guerre en Syrie, les Kurdes du parti de l’Union démocratique (PYD) expérimentent une forme inédite de démocratie locale.

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Profitant du retrait tactique de l’armée syrienne, le PYD, organisation sœur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, fondé et présidé par Abdullah Ocalan) a établi en 2012 son contrôle sur une série d’enclaves kurdes du Nord de la Syrie : Afrin (qui sera conquis par les Turcs et leurs supplétifs syriens en 2018), Kobané (où les Kurdes ont mis un terme à l’expansion de Daech) et le Djézireh. Un an plus tard, le mouvement pour une société démocratique (TEV-DEM), l’instance englobant les institutions civiles de la Fédération démocratique du Nord de la Syrie (FDNS, officialisée en 2016), déclarait l’autonomie du « Kurdistan occidental » (Rojavayê Kurdistanê), rojava signifiant Ouest en kurde.

Laboratoire expérimental

En s’installant dans le Nord de la Syrie, les partisans d’A. Ocalan ont mis en pratique la théorie du confédéralisme démocratique chère à leur leader emprisonné en Turquie depuis 1999. Chaque canton est doté d’un « conseil populaire », instance exécutive aux membres élus par des assemblées de communes. Chaque conseil gère les ressources agricoles, énergétiques, les finances, l’éducation. Les femmes y jouent un rôle significatif. À l’échelon du territoire, la fédération chapeaute les commissions pour la défense, la santé, l’éducation, le travail et les affaires sociales. Si cette séquence révolutionnaire peut renvoyer à l’expérience de la révolution sociale espagnole de 1936, elle puise sa dynamique dans les écrits de Murray Bookchin (1921-2006), philosophe américain marxiste, théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. A. Ocalan a découvert son œuvre en prison et s’en est inspiré au début de la décennie 2000.