Le sacrifice humain chez les Aztèques

Michel Graulich, Fayard, 2005, 415 p., 26 €.

Les Aztèques, affirme une ancienne chronique, se vantaient d'avoir sacrifié plus de 80 000 guerriers pour l'inauguration de leur Grand Temple, en 1487. Par son excès, le sacrifice humain décrit chez les Aztèques constitue un défi à toutes les explications disponibles : rite propitiatoire, geste symbolique de vengeance, instrument de terreur, d'humiliation ou d'extermination, masque d'une gloutonnerie cannibale, simple mesure de survie... A défaut d'enfourcher l'une de ces thèses de préférence à une autre, Michel Graulich a rassemblé dans ce volume à peu près tout ce que les observateurs de l'époque ont rapporté sur cette pratique, courante en Mésoamérique, mais véritablement compulsive chez les Aztèques. Le résultat est que l'on entre dans le concret des faits, qui deviennent palpables et engendrent un certain malaise : comment un tel alliage de poésie délicate et de meurtre industriel était-il vivable ? A défaut de réponse, on trouve dans ce minutieux ouvrage de quoi essayer de comprendre la dimension cosmique de ces holocaustes, qui se justifiaient par d'étonnantes croyances sur les besoins du Soleil en sang humain. Enfin, on découvrira, dans ce travail d'historien, que les conquistadores du Mexique se posèrent voici cinq siècles à peu près les mêmes questions que nous face à ce spectacle, et qu'ils imaginèrent à peu de choses près la même palette de réponses que celle que l'on relève aujourd'hui dans les écrits scientifiques.