L’orme hors normes
En 1780, le marquis Armand-Marie-Jacques de Chastenet de Puységur (1751-1825), commandant du régiment d’artillerie de Strasbourg et philanthrope reconnu, se voit guéri de son asthme par Mesmer en personne. Ce qui en fait un disciple enthousiaste. En 1784, l’année même où la médecine officielle française désavoue le magnétisme animal, Puységur fait involontairement plus fort que son mentor. Pour éviter de magnétiser les malades à chaque fois, c’est un orme qu’il magnétise. Sur la place de son village de Buzançay, près de Soissons. Ensuite, il y relie les malades à une corde, et c’est l’arbre qui les met en transe ! Victor, le fils de son régisseur, est le premier à expérimenter le procédé. Et Puységur, qui n’est pas médecin, parvient à le guérir d’une fluxion de poitrine au cours d’une simple phase de sommeil, sans convulsion mesmérienne aucune. Plus fort encore, Victor endormi énumère les différentes étapes de sa maladie, y compris l’heure à laquelle il saignera du nez le lendemain ! Plus tard, un jeune maçon venu se faire magnétiser pour une rage de dents révèle durant sa transe qu’il souffre en réalité de problèmes d’estomac. Ainsi est découvert par hasard le sommeil magnétique, ou encore somnambulisme artificiel, c’est-à-dire provoqué par autrui.
• A.M.J. de Puységur, (1784). Imago, 2003. • James Braid, (1843). L’Harmattan, 2005.