Le Sphinx et le Graal. Le secret de l'énigme

Henri Rey-Flaud, Payot, 1998, 292 p., 145 F.

Henri Rey-Flaud, professeur à l'université de Montpellier, compare deux registres du mystère : le secret, vecteur du désir, et l'énigme, génératrice d'une jouissance incestueuse. A travers le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, l'auteur retrace la quête de Perceval, qui l'amène un jour à retenir une question essentielle et perdre ainsi toute chance d'accéder au Graal.

A l'inverse, le destin d'OEdipe est scellé par une parole en trop : la réponse qu'il donne au Sphinx lui ouvre la porte de Thèbes et le mène au chaos que l'on sait. Dans les deux cas, le récit ramène à la figure de la Mère. Pour OEdipe, l'énoncé de l'énigme le condamne à l'inceste, c'est-à-dire au monde archaïque des mères. Pour Perceval, la parole retenue maintient le héros dans le champ clos de son fantasme, l'enlise dans la névrose de castration, persistance latente du matriarcat. La confrontation de ces deux mythes sous le regard du psychanalyste invite à relire Totem et Tabou de Freud avec des yeux neufs.