Côté patients
« Se réparer, mais aussi obtenir réparation »
Par définition, le stress post-traumatique ne relève pas seulement du psychologique. Les patients, victimes d’agressions diverses, doivent souvent, notamment en cas d’agression, non seulement se réparer mais aussi obtenir réparation devant les tribunaux. La reconnaissance de leur souffrance par un psy n’est généralement pas suffisante à leur guérison. C’est sans doute ce qui explique l’inexistence d’associations de patients souffrant de ESPT, hormis les associations de victimes de violences qui incluent aussi des revendications juridiques et sociales. C’est donc en individuel que nous avons pu comprendre ce qu’attendent les patients de leur prise en charge psychologique.
Karine, victime d’un viol à 32 ans, a vu sa vie basculer en ayant l’impression de ne pouvoir recourir à personne. « Après ça, j’avais un sentiment de peur permanent, je ne pouvais plus ni travailler ni m’occuper de mes enfants, je revoyais la scène en permanence, mon mari ne pouvait plus m’approcher et j’avais l’impression de ne pouvoir en parler à personne. Ces visions cauchemardesques, j’étais incapable d’en parler dans le détail. Les images étaient là mais je ne pouvais pas mettre des mots dessus, ça ne sortait pas. Et je ne voulais entendre parler de rien. Pour moi, ma vie était foutue. J’ai quand même accepté d’aller voir un psy mais qui ne m’a pas été d’une grande aide. Je le sentais désarmé face à ma souffrance, compatissant… Presque trop, j’allais dire. Il était en colère contre mon agresseur, ne savait pas trop quoi faire pour moi. Sa difficulté à me prendre en charge, à me rassurer ne m’a pas du tout aidée. »