Le travail du scepticisme. Montaigne, Bayle, Hume

Frédéric Brahami, Puf, 2001, 256 p., 159 F.

Les sciences humaines sont fondées sur une ambiguïté. D'un côté, elles font de l'homme un objet comme un autre et, dans ce cas, prennent modèle sur les sciences de la nature. Mais, d'un autre côté - fortes de l'idée que toute perception et tout discours renvoient fondamentalement à ceux qui en sont les sujets -, elles font aussi de l'homme l'instance par laquelle le monde est objectivé, et c'est pourquoi, dans ce cas, elles ont la prétention de fonder les sciences de la nature. Autrement dit, d'une part, les sciences humaines recourent à la raison pour étudier l'homme, mais d'autre part, elles interrogent la raison sur sa capacité à nous dévoiler la réalité. Soulignons encore que s'il y a au coeur des sciences humaines un projet scientifique - d'où toutes les inlassables justifications pour tenter d'accréditer les sciences humaines en tant que science à part entière -, il y a aussi un fond sceptique qui défait tout lien direct entre la représentation et ce qui est représenté, entre le mot et la chose.