Le travail et ses valeurs

Étymologiquement, travailler, c’est souffrir. Peu estimé par les Anciens, le travail ne retrouva de qualité morale qu’avec la Réforme, et quant à sa pleine reconnaissance, elle se confirme avec l’invention au XVIIIe siècle de l’économie politique. Condition de toute richesse, le travail devient une valeur universelle. Le XIXe siècle thématise ses fonctions vitales, à la fois énergétiques et sociales, lui octroyant tout à tour des vertus quantitatives (économiques) et qualitatives (morales). La figure du travailleur est alors celle de l’ouvrier d’industrie. Le XXe siècle est, sur sa fin, celui de la « perte » du travail : sous l’effet de la mécanisation et de l’automation, le travail s’est fait insaisissable par son contenu, brillant en revanche par sa fonction de socialisation. On a même annoncé sa fin. Or les partisans de sa répartition tout comme ceux de son augmentation raisonnent encore comme s’il s’agissait d’une « quantité » à distribuer. François Vatin, lui, invite à considérer le travail pour ce qu’il est : une activité qui ne vaut que parce qu’elle est productive.