Jacques Lacan prononce le premier texte en mars 1960 devant la faculté universitaire Saint-Louis de Bruxelles. Son exposé est en deux parties, la première est intitulée : « Freud, concernant la morale, fait le poids correctement ». La question concerne l'éthique de la psychanalyse, qui fait l'objet du Séminaire de 1959-1960. J. Lacan commence par s'en prendre à la notion de conduite, puis à la psychologie contemporaine, « qui pourrait trouver d'intéressantes applications dans le champ du conformisme, voire de l'exploitation sociale » mais s'éloigne de la vérité du sujet en tant qu'elle ignore le désir. Pour lui, une « morale de l'intention droite » se heurte au fait que le sujet en tant qu'il parle est exclu de la conscience. Il considère la tolérance comme une valeur, mais ajoute que la tradition freudienne n'est pas un humanisme puisqu'elle n'est pas à la recherche d'un progrès : « C'est même ce qui la sépare de la morale petite-bourgeoise. » Sigmund Freud, tout en soutenant que la moralité sexuelle est « à la source de la nervosité régnante chez les civilisés modernes (...), ne prétend pas même proposer une solution générale pour un meilleur aménagement de cette moralité ».
Le second texte est issu d'une conférence de presse tenue à Rome en octobre 1974. J. Lacan y expose d'abord pourquoi, selon S. Freud, gouverner, éduquer, analyser sont des positions impossibles. Contrairement à ce qui est dit depuis Auguste Comte, la science ne se substitue pas à la religion, car le désenchantement amène, au contraire, au triomphe de cette dernière, capable de donner du sens à n'importe quoi. Si la religion est « increvable », il n'en va pas de même pour la psychanalyse. Entre un monde passé et un monde qui se réorganise, il y aura donc eu un moment privilégié, un bref intermédiaire durant lequel la psychanalyse aura permis d'en savoir un peu sur « l'être parlant » (ou « parlêtre »).