Le troisième âge des migrants

Hommes et migrations, N° 1309, mars 2015, 210 p., 17 €.

La revue Hommes et migrations accompagne les migrants depuis cinquante ans. Comme elle, ils ont vieilli et ce dossier est une belle façon de souffler les bougies ensemble.

Récemment apparu dans les sciences humaines, le sujet du vieillissement est complexe lorsqu’il concerne les migrants. En France, 32 % d’entre eux ont plus de 55 ans, un taux proche de l’ensemble de la population française. Pourtant, les situations sont hétérogènes et les trajectoires distinctes. L’origine géographique, la durée d’installation dans le pays d’accueil, mais aussi le genre ou l’ancrage familial influencent la manière de vieillir. D’enquêtes qualitatives en témoignages, des femmes d’origine italienne de Grenoble aux immigrés maghrébins, le panorama proposé est varié, sans se prétendre exhaustif.

La plupart des migrants choisissent de rester, effectuant parfois des voyages pendulaires réguliers entre leur terre d’origine et celle d’adoption. Plusieurs problèmes se posent à cause de l’avancée dans l’âge : l’éloignement des proches empêche l’entraide familiale ; la précarité est accrue à cause de retraites souvent moins élevées ; le fonctionnement des structures gérontologiques ne permet pas toujours de prendre en compte les différences culturelles.

L’une des conséquences est que les migrants sont presque absents des maisons de retraite, bien qu’il soit difficile de connaître leur nombre exact au vu des statistiques disponibles. Autre question sensible : le lieu d’inhumation. Pour une majorité de Maghrébins, l’enterrement doit se faire dans la terre d’origine. Loin de signifier l’absence de lien avec le pays d’accueil, l’acte paraît davantage symbolique, car ils n’envisagent pas de retourner au pays de leur vivant.

publicité

La revue vient ainsi rappeler que ces hommes et ces femmes se construisent un destin en France et désirent y vivre leurs vieux jours.