Spécialiste du yiddish, Jean Baumgarten expose ici l'histoire et l'état de cette langue parlée aujourd'hui par un à deux millions de personnes dans le monde. Au fil des pages, il dévoile la singularité de cet idiome qui, depuis le Moyen Age, constitue pour les juifs ashkénazes une langue «vernaculaire» (c'est-à-dire interne à la communauté, par opposition à une langue «véhiculaire», comme peut l'être l'anglais pour un Français et un Japonais).
Le yiddish a émergé aux alentours du xiiie siècle, avec l'arrivée d'une diaspora juive au nord de l'Europe, avant de connaître ses formes modernes au milieu du xviiie siècle. Il s'apparente à une langue germanique (à l'instar de l'allemand ou du lorrain), mais s'est nourri des langues parlées sur d'autres territoires de la diaspora (langues romanes et slaves), tout en intégrant des éléments d'origine proche-orientale (hébreu et araméen). Pour ajouter à son originalité, le yiddish s'écrit en caractères hébraïques. A partir du xixe siècle, le yiddish est employé aussi sur les continents où émigrent ses locuteurs : Australie, Etats-Unis et Canada, Amérique du Sud, Afrique du Sud. En Europe, du fait du génocide des juifs commis par les nazis, le yiddish voit brutalement diminuer le nombre de ceux qui le parlent.