Côté associations
« D’une addiction à l’autre »
Les associations de soutien aux personnes alcooliques sont nombreuses en France. Très anciennes pour certaines, comme la Croix Bleue fondée en 1883, leur action se concentre sur l’accompagnement de la personne alcoolique dans son parcours d’abstinence. D’autres mouvements se préoccupent plus particulièrement des proches, comme AL-ANON (pour l’entourage adulte) et ALATEEN (pour l’entourage enfant/adolescent). Les associations d’anciens buveurs proposent souvent deux types d’aide : des temps collectifs sous forme de groupes de parole, et en parallèle un accompagnement personnalisé assuré par un référent.
Là où un « psy » n’offre en général qu’une demi-heure d’écoute par semaine, l’aidant bénévole est joignable 24 heures/24, se déplace à domicile, accompagne la personne dans ses démarches, etc. Par ailleurs, il offre par son propre parcours un modèle identificatoire au nouveau venu.
En mars 2014, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) accordait une recommandation temporaire d’utilisation au Baclofène, médicament susceptible aider à devenir abstinent ou simplement diminuer sa consommation. Laisser croire qu’on peut continuer à boire tout en se soignant est un leurre pour Félix LeMoan, président national de l’association Vie libre. « Je sais très bien que si je prends un verre d’alcool demain, après-demain c’est une bouteille », explique-t-il. Cette position est partagée par la plupart des associations d’anciens buveurs, pour qui la dépendance à l’alcool ne peut être stabilisée que si la personne cesse de consommer toute boisson alcoolisée.
Felix LeMoan s’interroge aussi sur les effets secondaires du Baclofène qui resteraient méconnus selon lui.
Parmi les autres sujets de préoccupation des associations, la polyconsommation s’avère de plus en plus fréquente. Pour Julien Chartier, président de l’AFDER, l’Association française des dépendants en rétablissement, les différents types d’addictions sont liés entre eux. Il est fréquent que les gens passent d’un produit à un autre, par exemple d’une drogue à des médicaments de substitution ou bien à des dépendances comportementales (voir encadré page 95). « La dépendance est une maladie émotionnelle. Nous sommes des écorchés vifs, des gens pour qui la vie est trop douloureuse à vivre », explique Julien Chartier. Par ailleurs, il déplore le manque de reconnaissance des anciens dépendants rétablis qui souhaitent s’engager du côté des aidants.