Les approches de l'altruisme

Le cas des sauveteurs de juifs peut-il nous aider à comprendre l'altruisme ?

Seconde Guerre mondiale : l'Europe est sous la botte nazie. Irene, 20 ans, étudiante polonaise, est séparée de sa famille. Battue et laissée pour morte dans la neige par des soldats russes, elle se retrouve dans un camp de travail allemand où elle doit s'occuper de la cantine des militaires. Elle parviendra à cacher douze juifs dans la villa du major et à détourner de la nourriture pour d'autres juifs réfugiés dans la forêt.

Un jour, sortie pour faire les courses, elle est forcée d'assister à l'exécution publique par la Gestapo d'une famille polonaise (avec leurs deux enfants) accusée d'avoir caché des juifs. Pourtant, sa résolution ne faiblit pas : « Je savais ce qui pouvait arriver... Mais, tant pis, c'étaient des êtres humains... Je prenais la responsabilité. »

En rentrant de l'exécution, elle est si émue qu'elle oublie de fermer à clé la porte du local où elle cache à ce moment quatre jeunes filles : le major entre... après une violente colère, il choisira de fermer les yeux, à condition que tout le monde soit parti à son retour. L'histoire, on le sait, ne se termine pas aussi bien pour tous les sauveteurs de juifs : certains seront internés dans des camps, d'autres exécutés.

Entre 1988 et 1990, Kristen R. Monroe, professeur en sciences politiques à l'université d'Irvine (Californie), a interviewé des personnes qui avaient aidé, caché et bien souvent sauvé des juifs pendant la guerre : Léonie, étudiante néerlandaise de 17 ans, Ursula, issue d'une grande famille berlinoise, Maruska, comtesse de Silésie, ou encore Otto, ingénieur tchèque, Tony, officier dans l'armée néerlandaise, ou Knud, imprimeur danois... A partir de ces enquêtes, elle montre l'insuffisance des théories classiques (voir le texte sur les théories, ci-contre ) :