Les athlètes trans, une longue histoire

Les athlètes trans, une longue histoire

En 1934, l’athlète tchécoslovaque Zdena Koubek bat le record du monde du 800 mètres et remporte deux médailles aux Jeux mondiaux féminins de 1934, avant d’entamer l’année suivante sa transition vers le masculin. Il deviendra Zdenek Kounek. En 1937, la presse annonce la transition de trois athlètes : De Bruyn (Belgique), Smentowsky (Pologne) et Pekarow (Tchécoslovaquie). Les journalistes comprennent mal le vécu de ces athlètes et expriment la crainte de voir un phénomène de contagion s’abattre sur le sport féminin.

De 1935 jusqu’aux Jeux olympiques de 2021, le traitement des athlètes trans dans les journaux français change peu : les journalistes adoptent un angle sensationnaliste et déshumanisant. Ils se cantonnent alors, le plus souvent, à une vision binaire et figée de l’identité de genre et entretiennent, selon les historiens Félix Pavlenko et Karl Ponthieux Stern, une « panique de genre ». Les polémiques ciblent particulièrement les femmes trans, accusées de bénéficier d’un avantage physique. À partir des années 1930, les fédérations sportives mettent en place des critères physiques et hormonaux pour les femmes uniquement. Des contrôles de féminité, souvent humiliants, conduisent à disqualifier les femmes trans des compétitions. Les hommes trans en revanche, ont toute liberté de s’y inscrire. Les polémiques survenues au cours des Jeux de Paris 2024 au sujet des corps et des genres (visant notamment la boxeuse algérienne Imane Khelif) montrent que la tolérance dans le sport n’est toujours pas acquise.


Source :

Félix Pavlenko et Karl Ponthieux Stern, « Des athlètes trans aux Jeux olympiques ? Histoire d’une panique de genre dans la presse française (1935-2022) », Genre & Histoire, n° 33, 2024.

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