J’ai arrêté de travailler pour élever les enfants. (...) Un choix éclairé, consenti, pris d’un commun accord avec mon mari. Il gagnait bien sa vie, nous avions trouvé notre équilibre familial et puis nous nous aimions, alors il n’était pas question de couper les cheveux en quatre. Ce qui était à moi était à lui et vice versa. Seulement voilà, le jour où il m’a annoncé qu’il voulait divorcer parce qu’il était tombé amoureux d’une autre avec laquelle il voulait refaire sa vie, tout s’est écroulé. Ce que je n’avais pas vécu comme un sacrifice, mais un plaisir, m’est apparu soudain comme un immense gâchis. J’avais renoncé à mon épanouissement professionnel, tout sacrifié à ma famille pour me retrouver seule, abandonnée, comme si toutes ces années n’avaient pas existé. Je me suis promis de le ruiner. » Des témoignages comme celui d’Elizabeth, la sociologue Janine Mossuz-Lavau, chercheuse au CNRS et auteure d’un livre-enquête sur notre rapport à l’argent 1, en a recueilli beaucoup. Elle atteste que souvent, l’argent devient synonyme de vengeance et joue un rôle complexe dans la rupture d’une union 2. Pour preuve, le raisonnement de certaines femmes qui, au moment où tout explose, n’ont plus que l’obsession de déposséder le prince charmant devenu le vilain mari. « Entre l’argent-subsistance et l’argent-vengeance, il existe toute une palette de situations, mais au premier s’ajoute souvent le second, ce qui ne facilite ni les transactions ni le deuil du couple, une fois celui-ci rompu. Ce qui peut conduire à des situations extrêmes », constate la chercheuse.
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Psychologie de l'argent
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