Les Cadres. Fin d'une figure sociale

Paul Bouffartigue (dir.), La Découverte, 2001, 348 p, 220 F.

Inventée et mise en forme à partir des années 1930, la catégorie « cadres » est un ensemble social spécifiquement français qui, en dépit de sa forte hétérogénéité, a su imposer une image cohérente : celle de salariés distincts, dans leur fonction comme dans leur mode de vie, des ouvriers d'exécution mais aussi des classes dirigeantes. Cette spécificité est aujourd'hui largement remise en cause. Telle est la thèse commune aux deux ouvrages, respectivement rédigé ou dirigé par Paul Bouffartigue.

Dans le premier, l'auteur soutient que les années 90 ont été propices à cette rupture. Ce salariat de « confiance » que sont les cadres n'aurait plus guère aujourd'hui les moyens d'imposer une image différente : le groupe a forci et, avec le chômage, les carrières sont plus incertaines, les charges de travail s'alourdissent, la fonction d'encadrement cède du terrain au profit d'actions d'expertise... La preuve n'en est-elle pas définitivement donnée lorsque l'on constate que, tout comme les autres salariés, les cadres souhaitent eux aussi réduire leur temps de travail pour cesser d'oeuvrer, comme avant, sans compter leur temps ?