Qu'y a-t-il de commun entre une mutuelle de santé, une coopérative laitière, une association de microcrédit ou un SEL (système d'échange local) ? Toutes ces structures appartiennent à « l'économie sociale et solidaire » et ne relèvent entièrement ni du marché ni du service public. Ce livre restitue les contributions de professionnels et d'universitaires (économistes ou sociologues) à la première manifestation des « Journées de l'économie sociale et solidaire », qui s'est tenue à Rennes en avril 2003. L'objet de ce colloque était d'identifier les spécificités de ce domaine économique, constitué d'un secteur social traditionnel (mutuelles, associations, coopératives) et d'un foisonnement d'initiatives répondant à de nouveaux besoins sociaux. Mais s'agit-il vraiment d'un domaine à part ? Certaines contributions pointent les risques de normalisation. Celle de François Sainty et Pascale Turquet, par exemple, évoque la menace de dissolution de l'identité du secteur mutualiste lorsqu'il est en concurrence avec l'assurance. D'autres mettent en garde contre le risque d'instrumentalisation : les associations d'aide à domicile permettent de faire accepter des conditions d'emploi dégradées pour des services difficiles à rentabiliser. L'économie solidaire recouvre de nombreux genres d'organisations, d'objectifs, de positionnements par rapport à l'Etat et au marché, ainsi que de spécificités régionales. Cette diversité appelle une meilleure définition conceptuelle du domaine. C'est à cette tâche difficile que se sont attaqués les contributeurs de la troisième partie. En quoi l'économie solidaire se distingue-t-elle des logiques du marché et des services publics ? S'en distingue-t-elle vraiment ? Sur ce point, on lira l'étude critique de Philippe Robert-Demontrond, Guy Basset et Anne Joyau consacrée au « commerce équitable ». Quelles représentations en ont les acteurs eux-mêmes ? Autant de questions posées sur ce chantier ouvert que représente l'économie sociale et solidaire.
Les Chantiers de l'économie sociale et solidaire
Alain Amintas, Annie Gouzien et Pascal Perrot, Presses universitaires de Rennes, 2005, 425 p., 20 €.