Les charmes discrets de la France périurbaine

Loin du cliché d’espace abandonné, le périurbain affiche aujourd’hui un certain dynamisme, au point de faire sérieusement concurrence au mode de vie citadin.

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À partir du moment où l’on parle des territoires périurbains, les stéréotypes dévalorisants sont légion. Le périurbain ne serait pas « moral », car il incarnerait l’espace du repli sur soi et de l’égoïsme ; il participerait d’une dénaturation du monde rural avec l’arrivée des néoruraux dans des lotissements interminables et « sans âme » ; il serait responsable de la détérioration de l’environnement dans le sens où il consommerait les espaces agricoles et naturels en multipliant les infrastructures routières et en pesant ainsi sur la facture carbone ; le périurbain refléterait aussi le comble de la monotonie au sens où il banaliserait les territoires qu’il conquiert en y égrainant ici et là un bâti ordinaire et standardisé. D’aucuns y voient ainsi l’avènement d’une « France moche » en réduisant le périurbain à ses hangars commerciaux, à ses plateformes logistiques, à ses proliférations pavillonnaires et à ses longues entrées d’agglomérations saturées de panneaux publicitaires et de parkings démesurés.

Dans toutes ces invocations péremptoires et ces images caricaturales, il y a, à bien y regarder, certainement un peu de vrai, mais aussi beaucoup de faux. Ici plus que jamais la prudence s’impose afin d’éviter de voir dans le périurbain une entité à l’origine de tous les maux actuels de notre société. Derrière le mot périurbain, il n’existe pas de réalité homogène coupée du reste du monde. Dès lors, ne faut-il pas rompre avec un pessimisme ambiant dont le périurbain est trop souvent l’objet ?

Diversité du périurbain

Les recherches en sciences humaines et sociales, menées depuis maintenant une quarantaine d’années, permettent de nuancer les visions stigmatisantes et outrancières qui ont été diffusées à l’endroit du périurbain. Notamment, elles montrent à quel point les espaces périurbains sont en relation permanente et étroite tant avec les villes-centres qu’avec le monde rural, si bien qu’opposer une France des métropoles à une France de la périphérie apparaît trop simpliste et réducteur. Mais plus encore, les recherches en la matière mettent en évidence qu’il s’agit d’espaces pluriels et diversifiés, que ce soit sur le plan social ou sur le plan spatial. Aussi est-il possible de distinguer globalement trois types d’espaces périurbains : le périurbain industriel, le périurbain résidentiel et le périurbain mixte constitué à la fois de zones industrielles, d’espaces d’habitations, d’équipements hospitaliers, de campus universitaires ou encore de structures ludo-commerciales et hôtelières.