Les délires paranoïaques

Tout au long du XIXe siècle, le terme de paranoïa a été utilisé en Allemagne pour qualifier tout type de délire. Au début du XXe  siècle, Paul Sérieux et Joseph Capgras en France, Emil Kraepelin en Allemagne, et Eugenio Tanzi en Italie, rétrécissent 
les limites de la paranoïa. Au sortir de ce mouvement de réduction, affermi avec Eugen Bleuler, qui englobera la plupart des délires dans la schizophrénie, la paranoïa sera considérée comme non curable, ce qui la caractérise étant la conservation des facultés intellectuelles avec des raisonnements paralogiques qui débouchent sur une systématisation délirante et une évolution non déficitaire.


Quels symptômes ?

La description de la paranoïa a évolué au fil des temps. D’abord confondue avec la schizophrénie, ou vue comme une variante de celle-ci, elle en a été nettement distinguée : idées bizarres, incohérence, désagrégation de la personnalité pour la schizophrénie ; idées délirantes, mais intrinsèquement logiques et cohérentes, absence d’altération de l’intelligence et de désorganisation pour la paranoïa.

La place donnée aux hallucinations parmi les symptômes de la maladie a varié : tantôt omniprésentes, tantôt totalement absentes, tantôt présentes, mais en second plan.

Le trouble paranoïaque délirant et la personnalité paranoïaque se sont nettement séparés. Dans le dernier cas, même si l’attachement à une interprétation fausse de la réalité est grand, il est possible de faire admettre que d’autres explications sont envisageables, alors que, chez le délirant, c’est impossible, même quand l’intelligence est intacte.

Dans son ouvrage, Les Paranoïaques, G. Genil-Perrin énonce les quatre traits qui, aujourd’hui encore, sont considérés comme fondamentaux pour caractériser les paranoïaques.

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La surestimation du moi. Le paranoïaque se voit comme supérieur à tout le monde et pense avoir toujours raison .

La méfiance. Il est con­vain­cu que tout le monde cherche à lui nuire, à le tromper ; même les offres d’aide, les paroles aimables sont interprétées comme des critiques déguisées.

La fausseté du jugement.  Le sentiment qu’a le paranoïaque d’être persécuté l’amène souvent à donner aux actes de ceux qui l’entourent, même les plus insignifiants, des interprétations qui correspondent à ce qu’il croit, mais sont complètement fausses. Toutefois, son discours peut paraître si logique qu’il emporte la conviction de ses auditeurs. On a vu des paranoïaques en­traîner dans leur délire leur conjoint, voire toute leur famille : c’est ce que l’on appelle la « folie à deux ».