L’oubli est un phénomène normal aussi nécessaire que la mémoire elle-même. Il participe à la sélection et la consolidation des informations pertinentes, importantes à la lumière de nos intérêts, il donne ainsi sa coloration personnelle à la mémoire au fil du temps. Il est des cas où l’oubli est total, des cas où la mémoire ne semble plus « imprimer » les événements vécus, les informations apprises, des cas où privé de mémoire du passé et incapable de retenir les nouvelles expériences, seul le présent existe. Ces cas relèvent tous des pathologies de la mémoire humaine..
Les amnésies sont classiquement divisées en deux catégories : les amnésiques dites organiques et les amnésies dites psychogènes ou fonctionnelles. Ces deux formes se distinguent selon la présence ou l’absence de lésions cérébrales repérables en imagerie. Au-delà de cette distinction, les tableaux cliniques des amnésies organiques ou fonctionnelles sont très variables, d’une part en terme temporel, les amnésies pouvant être permanentes ou transitoires, et d’autre part en termes de composantes antérogrades et/ou rétrogrades.
Les amnésies organiques
Cconsécutives à des lésions diverses, elles concernent souvent plus ou moins directement l’hippocampe, région du cerveau cruciale dans l’encodage, la consolidation et la récupération des souvernirs contextualisés.
Les amnésies permanentes sont d’évolution progressive (comme dans la maladie d’Alzheimer) ou stable (comme dans certaines amnésies d’origine frontale ou dans le syndrome amnésique). Les amnésies transitoires sont de courte durée, parfois moins de 24 heures comme dans l‘ictus amnésique idiopathique. L’étude du syndrome amnésique est particulièrement intéressante car il s’agit d’un trouble massif, isolé et permanent de mémoire sans altération des autres fonctions cognitives et intellectuelles. Ce déficit intervient consécutivement à des lésions cérébrales telles qu’une anoxie cérébrale, une tumeur, ou une encéphalite herpétique. La classification des syndromes amnésiques demeure encore imprécise, mais historiquement deux syndromes permanents ont été classiquement différenciés : le syndrome diencéphalique consécutif à des lésions des corps mamillaires et/ou les noyaux dorso-médians du thalamus (comme dans le syndrome de Korsakoff), et le syndrome bi-hippocampique sous-tendu par des lésions de l’hippocampe, du gyrus parahippocampique et parfois de l’amygdale (comme dans le cas du patient HM).