Comment sont-elles composées ?
Les enquêtes distinguent trois grands types de familles. L’appellation « famille traditionnelle » renvoie aux familles composées d’un couple d’adultes (mariés ou non) et de leurs enfants partageant le même foyer. La « famille monoparentale » désigne les ménages composés d’un parent ne vivant pas en couple et de ses enfants. Enfin, le terme « famille recomposée » recouvre les ménages comptant un couple et au moins un enfant né d’une précédente union de l’un des conjoints. Cette méthode offre une première photographie des familles françaises.
La répartition des familles selon ces trois types de ménage a beaucoup évolué au cours des 25 dernières années. La part des familles « traditionnelles » a diminué de 9 %. À l’inverse, celle des familles monoparentales a augmenté de 32 % et celle des familles recomposées de 31 %. Cette évolution − que l’on retrouve de façon comparable dans les autres pays occidentaux − s’explique par la libération des mœurs, l’augmentation des divorces et des séparations et l’accès des femmes à l’indépendance financière grâce au travail salarié.
Répartition des familles
selon les trois grands types recensés

Les familles homoparentales, qui ont occupé le devant de la scène médiatique ces dernières années, sont difficiles à recenser. Les quelques statistiques officielles mettent en évidence le fait qu’elles demeurent très marginales du point de vue numérique. Elles représenteraient environ 2 ménages familiaux sur 1 000.
Il est intéressant d’observer que la mère est présente dans la grande majorité des « nouvelles familles » : 85 % des parents de famille monoparentale sont des mères, 80 % des beaux-parents sont des beaux-pères et 80 % des couples homoparentaux sont des couples de femmes. Ce déséquilibre témoigne de la persistance d’une répartition traditionnelle des rôles entre hommes et femmes. Malgré l’émergence des « nouveaux pères » qui veulent s’impliquer davantage, les mères restent les plus engagées dans l’éducation des enfants et l’entretien du foyer. Les aspirations à un partage des rôles plus égalitaire peinent encore à se concrétiser, sans doute parce qu’elles impliquent un changement social global, qui touche aussi bien à nos représentations culturelles (ce que sont un père et une mère) qu’aux politiques familiales ou au monde du travail. Par exemple, ce dernier attend toujours des hommes qu’ils se consacrent principalement à leur activité professionnelle.
Un autre paramètre significatif concerne le nombre d’enfants par famille. Au cours du dernier siècle, la taille moyenne des fratries a diminué. Cette évolution est liée à la « transition démographique » : dans les pays développés, l’amélioration des conditions de vie s’accompagne d’une forte diminution de la mortalité infantile et d’une volonté de maîtriser les naissances (Sciences Humaines, n° 272). Le rapport aux enfants se transforme aussi : plus les parents se préoccupent de leur assurer les meilleures conditions pour leur développement, plus ils en réduisent le nombre. La majorité des familles comptent désormais 1 enfant (36,1 %) ou 2 (42,4 %). Les familles dites nombreuses (3 enfants ou plus selon les critères des politiques familiales françaises) se font plus rares ; en moins d’un siècle, leur proportion a en effet été divisée par 2. Aujourd’hui, seule 1 famille sur 5 (21,5 %) est une famille nombreuse. La part des familles comptant exactement 3 enfants est restée relativement stable (16,2 %). En revanche, la proportion de familles de 4 enfants ou plus a fortement diminué (5,3 %), en même temps qu’augmentait la part des familles de 2 enfants.
Les familles françaises selon le nombre d'enfants

En France, les familles d’immigrés de première génération comptent des fratries en moyenne plus importantes que les autres et entrent plus fréquemment dans la catégorie des familles nombreuses (36,2 % contre 20 % pour les familles de non-immigrés). Cependant, les familles de descendants d’immigrés ont un nombre d’enfants proche de celui des autres familles. Les comportements en matière de fécondité semblent ainsi s’ajuster aux normes nationales au fur et à mesure des générations.
C. Barre, , n° 901, 2003. Aude Lapinte, , n° 1470, 2013. Nathalie Blanpain et Liliane Lincot, , n° 1531, 2015. Union nationale des associations familiales, 2015. Sondage Ipsos, 2011. Julien Damon, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2006. Hervé Le Bras, Robert Laffont, 2016. Olivier Chardon, Fabienne Daguet et Émilie Vivas, , n° 1195, 2008. Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, Seuil, 2013. Hervé Le Bras, Robert Laffont, 2016. Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs, 2008. Frédérique Houseaux, , n° 937, 2003. Sondage Ipsos, 2011. Gérard Mermet, Larousse, 2012. Thomas Piketty, Seuil, 2013. Adrien Papuchon, , 2014/1. François Dubet, Seuil, 2016.