Les spécialistes de l'enfance
Caroline Eliacheff
Pédopsychiatre et psychanalyste, Caroline Eliacheff, tient une chronique hebdomadaire, Les idées claires, sur France Culture. Ancienne présidente de l’association La Cause des bébés, elle a, à la suite de Françoise Dolto, contribué à révolutionner, avec Catherine Dolto, la prise en charge thérapeutique des bébés et des jeunes enfants. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages connus aussi bien des spécialistes que du grand public, notamment À corps et à cris. Être psychanalyste avec les tout-petits ; Vies privées. De l’enfant roi à l’enfant victime ; Mères-filles. Une relation à trois (avec Nathalie Heinich), et Le Temps des victimes.
Marcel Rufo
Pédopsychiatre il est directeur médical de l’espace méditerranéen de l’adolescence à l’hôpital Salvator, à Marseille. Chroniqueur sur France 3 puis France 5, Marcel Rufo tient une chronique dans la tranche matinale de France Inter. Il est notamment l’auteur de Détache-moi ! Se séparer pour grandir ; Œdipe toi-même ! Consultations d’un pédopsychiatre, et plus récemment, de Grands-parents, à vous de jouer.
Didier Pleux
Didier Pleux est un farouche opposant des théories de Françoise Dolto, responsables, d’après lui, de comportements « d’enfants-tyrans ». Docteur en psychologie du développement, cosignataire du Livre noir de la psychanalyse, il dirige l’Institut français de thérapie cognitive. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont De l’enfant roi à l’enfant tyran et Un enfant heureux.
Les stars du divan
Serge Hefez
Psychiatre et psychanalyste, Serge Hefez est responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de la Pitié Salpêtrière, à Paris. D’abord spécialiste des questions liées à la toxicomanie et au VIH (il dirige l’Espace social et psychologique d’aide aux personnes touchées par le sida (Espas)), il intervient régulièrement dans la presse écrite et audiovisuelle et tient une chronique hebdomadaire dans l’émission de Guillaume Erner, Service Public, sur France Inter.
Elisabeth Roudinesco
Historienne de la psychanalyse, fille de la pédiatre et psychanalyste Jenny Aubry, Elisabeth Roudinesco prend régulièrement position dans les débats de société (homoparentalité, laïcité, clonage…). Très écoutée dans les milieux politiques, elle incarne « la voix de la psychanalyse en France », notamment depuis la publication de son Histoire de la psychanalyse. On lui prête un pouvoir médiatique et éditorial de premier plan : il se dit qu’un livre qui n’aurait pas l’heur de lui plaire n’aurait aucune chance de rencontrer le moindre écho dans la presse… La publication de sa biographie de Jacques Lacan, en 1993, a déclenché les foudres de Jacques-Alain Miller. Tout juste réconciliés au moment du combat commun contre l’amendement Accoyer sur le statut de psychothérapeutes (voir article p. 18), ils se sont à nouveau brouillés lors du trentième anniversaire de la mort du maître… L’affaire a fini au tribunal.
Charles Melman
Psychiatre et psychanalyste, Charles Melman s’est fait, via la publication d’ouvrages comme La nouvelle économie psychique ou L’homme sans gravité, le porte-parole, avec Jean-Pierre Lebrun, d’un courant conservateur qui s’attache à diagnostiquer les désarrois d’un sujet hypercontemporain sans cesse confronté à une injonction à la jouissance en même temps que la société serait, nous dit-on, en pleine faillite de l’ordre symbolique (discrédit des figures incarnant l’autorité, faillite des pères et des repères traditionnels, etc.).
Jacques-Alain Miller
Surnommé « Divan le terrible » par Le Monde des livres, ancien élève de l’École Normale Supérieure (ENS) de la rue d’Ulm, Jacques-Alain Miller suit les séminaires de Roland Barthes dans les années 1960, devient disciple du philosophe Louis Althusser, et un défenseur acharné du maoïsme, qu’il remet ensuite en question en entamant une analyse avec Charles Melman. Gendre et exécuteur testamentaire de Jacques Lacan, président de l’École de la Cause Freudienne, Jacques-Alain Miller a également fondé l’Association mondiale de psychanalyse, deuxième association internationale de psychanalyse après l’International Psychoanalytical Association (IPA) créée par Freud. Régulièrement consulté par les ministères, « JAM » a pendant longtemps donné un cours hebdomadaire au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), ouvert à tous. Chacune de ses apparitions lors des Journées annuelles de son école au Palais des Congrès, à Paris, est accueillie par une ferveur qui n’a rien à envier à celle des stars du rock. Son frère cadet, le psychanalyste Gérard Miller, fut chroniqueur à la télévision. Désigné par Lacan pour publier l’intégralité de ses Séminaires, Jacques-Alain Miller s’est retrouvé, au début des années 1980, au centre d’une controverse qui a marqué durablement le lacanisme : Charles Melman l’accuse de déformer la parole de Lacan et décide de publier sa propre version des Séminaires, avant de fonder, en 1982, avec Marcel Czermak, Claude Dorgeuille et Jean Bergès, l’Association Freudienne, devenue Internationale, puis rebaptisée Association Lacanienne Internationale (ALI).
La galaxie neuro
Stanislas Dehaene
Neuroscientifique et psychologue cognitif il a été élu professeur au prestigieux Collège de France, à la chaire de psychologie expérimentale. Ses travaux sur les architectures cérébrales de l’arithmétique, de la lecture et du langage ont été popularisés par ses livres Les neurones de la lecture et Apprendre à lire. Des sciences cognitives à la salle de classe.
Olivier Houdé
Peu connu du grand public, c’est pourtant à Olivier Houdé qu’a été confiée la rédaction du Que sais-je ? sur la psychologie de l’enfant, précédemment rédigé par Jean Piaget, l’un des plus grands spécialistes de la psychologie de l’enfant au XXe siècle. Professeur de psychologie du développement à l’université René Descartes à Paris, et membre de l’Institut Universitaire de France, Olivier Houdé dirige l’équipe de recherche Développement et fonctionnement cognitifs dans le Groupe d’Imagerie Neuro-fonctionnelle du CNRS et du CEA. Ses travaux portent sur le développement cognitif de l’enfant et la neuro-pédagogie, c’est-à-dire les effets des apprentissages sur le cerveau.
Olivier Ouillier
Professeur à l’université d’Aix-Marseille, Olivier Ouillier travaille essentiellement sur la dynamique des coordinations sociales, le neuromarketing, et plus largement, sur les neurosciences de la décision économique et leurs applications en politique publique. Fréquemment auditionné à l’Assemblée nationale sur des questions de neuroéthique, il fut le seul universitaire français invité au Forum économique mondial de Davos, en 2012.
Les TCC-istes chevronnés
Jean Cottraux
Psychiatre et psychothérapeute, membre fondateur de l’Académie de thérapie cognitive de Philadelphie, il enseigne les thérapies cognitivo-comportementales dès les années 1980, et jusqu’à sa retraite au laboratoire de psychologie médicale de l’hôpital neurologique de Lyon. Farouche opposant de la psychanalyse – il est l’un des coordonnateurs du Livre noir de la psychanalyse –, ses travaux plus récents sont consacrés aux apports de la psychologie positive.
Christophe André
Psychiatre, psychothérapeute, il est sans doute celui qui aura le plus contribué à populariser les thérapies cognitivo-comportementales en France, depuis la fin des années 1990. Pratique de l’estime de soi (L’Estime de soi ; Imparfaits, libres et heureux), gestion des troubles anxio-dépressifs (Psychologie de la peur ; Je guéris mes complexes et mes déprimes) ou des émotions (Les États d’âme)… Pour Christophe André et ses disciples, nul besoin d’aller fouiller dans la boîte noire de l’inconscient pour retrouver les causes d’un symptôme déplaisant. Il suffit de « déprogrammer » un comportement inadapté pour trouver, exercices et mise en situation à l’appui, un comportement plus adapté. Les TCC sont des thérapies brèves et à terme défini : thérapeute et patient s’accordent régulièrement sur l’objectif de la thérapie à atteindre et font le point sur les progrès déjà accomplis. Après avoir axé ses travaux sur le comportement, Christophe André s’intéresse davantage à la mindfulness, ou méditation de pleine conscience.
Les thérapeutes de la souffrance au travail
Marie-France Hirigoyen
Depuis la publication en 1998 de son livre Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien, la psychiatre et psychothérapeute Marie-France Hirigoyen, née en 1949, est devenue la spécialiste des questions d’emprise sur le lieu de travail.
Christophe Dejours
Harcèlement moral, harcèlement sexuel, vagues de licenciement et hausse du chômage, burn-out, passages à l’acte suicidaire sur le lieu de l’entreprise… Crise oblige, les thématiques liées à la souffrance au travail ont, hélas, le vent en poupe, et les travaux du psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours font autorité sur la question.
Les chercheurs en psychologie sociale
Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois
Comment amener quelqu’un à faire ce qu’on souhaite tout en lui laissant l’impression qu’il a agi en toute liberté ? Que ce soit dans leur Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens ou dans La soumission librement consentie, Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois ont popularisé certaines connaissances scientifiques sur la psychologie de l’engagement, la question de la liberté et de la manipulation. Jean-Léon Beauvois a même accepté la direction scientifique du très controversé documentaire Le jeu de la mort, diffusé en 2010 sur France 2, adaptation télévisuelle de la fameuse expérience de Stanley Milgram sur la soumission volontaire à l’autorité.
Le pape de la résilience
Boris Cyrulnik
« Lors de ma première naissance, je n’étais pas là. Mon corps est venu au monde le 26 juillet 1937 à Bordeaux. On me l’a dit. Je suis bien obligé d’y croire puisque je n’en ai aucun souvenir. Ma seconde naissance, elle, est en pleine mémoire. Une nuit, j’ai été arrêté par des hommes armés qui entouraient mon lit. Ils venaient me chercher pour me mettre à mort. Mon histoire est née cette nuit-là. » De livre en livre – citons Un merveilleux malheur, Les Vilains Petits Canards, Parler d’amour au bord du gouffre, De chair et d’âme, Autobiographie d’un épouvantail –, Boris Cyrulnik, éthologue passé à la neuropsychiatrie, tisse une œuvre singulière dans laquelle il s’évertue à démontrer que quelle que soit l’étendue des malheurs et des traumatismes traversés dans l’enfance, ils ne font pas forcément un destin. Son concept clé : la résilience* – terme introduit par John Bowlby dans les années 1960, lors de ses travaux sur l’attachement. À partir de l’observation des survivants des camps de concentration puis des orphelins boliviens ou roumains, Boris Cyrulnik postule que, de même qu’après un impact, certains matériaux ont la capacité de retrouver leur état initial, un individu exposé à un traumatisme va pouvoir en guérir.