Les habitants au coeur de la démocratie Rencontre avec Patrick Norynberg

La loi de 2002 oblige les villes de plus de 80 000 habitants à mettre en place des conseils de quartier, mais d’autres expériences de démocratie participative fleurissent.

Concrètement, comment un dispositif de démocratie participative se met-il en place au sein d’une ville ?

Dans une ville, tous les responsables, qu’ils travaillent sur la santé, l’éducation, etc., doivent se poser la question : comment j’associe les habitants ? Cela paraît évident, mais en vérité c’est une révolution dans la manière de penser. À Stains, comme nous l’avions conçu il y a quelques années au Blanc-Mesnil, nous sommes en cours de création de conseils de ville et de voisinage, qui ne sont pas des conseils de quartier tels qu’ils ont été mis en place après la loi de 2002. Nous ne voulons pas enfermer les habitants dans leurs quartiers, il s’agit de s’ouvrir sur la ville et sur le monde. L’objectif de ces conseils est de sortir de la relation de « consommation » que l’on a vis-à-vis des élus et qui est reproduite dans la majorité des conseils de quartier. Dans ces instances, le temps de la réunion n’est parfois pas le plus important, le travail de préparation, de compte rendu et d’action se révèle tout aussi enrichissant. Pour faire venir les habitants, il faut revenir à des méthodes simples, s’appuyer sur les réseaux des quartiers : si chacun invite un ami, on sera chaque fois plus nombreux ; on doit aussi s’adapter aux besoins des habitants comme mettre en place un espace « garderie » pour que les mères seules puissent venir. La proximité permet de reconquérir les personnes les plus éloignées de la chose publique et c’est vers elles qu’il faut aller. Il y a un travail énorme qui reste à faire pour redonner l’envie aux habitants de s’impliquer car sans la motivation, rien n’est possible.