Le rapport décomplexé de Nicolas Sarkozy à l’histoire a mille fois été commenté. De Jeanne d’Arc à Guy Mocquet, le président français n’a eu de cesse de brandir des références, brouillant les héritages et irritant les historiens. De ce point de vue, son quinquennat a marqué une rupture avec ses prédécesseurs : de Gaulle, Mitterrand et même à certains égards Chirac entretenaient un rapport beaucoup plus solennel à l’histoire de France.
Mais cette rupture est-elle le fait d’un homme, ou le symptôme d’une époque ? Pour le savoir, le meilleur chemin consiste à interroger l’ensemble des hommes et femmes politiques actuels, quel que soit leur bords, chose faite avec tact par l’équipe de l’émission radiophonique « La Fabrique de l’histoire », sur France Culture, animé par Emmanuel Laurentin. Neuf hommes et femmes politiques se sont prêtés au jeu : François Bayrou, José Bové, Arlette Laguiller, Daniel Cohn-Bendit, Jean-Marie Le Pen, Jean-François Copé, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon ((Que doivent-ils à l’Histoire ?, Bayard). Il y a quelques grands absents – Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, Marine Le Pen,… -, mais l’ensemble des partis politiques français est représenté. Et toutes les personnalités interrogées -hormis l'exception Cohn-Bendit - ont pour point comme d'avoir été, d'être actuellement ou de vouloir être un jour (Jean-François Copé) candidat à l'élection présidentielle.