Les humeurs : toute une histoire !

Bonnes ou mauvaises, maussades ou joviales, les humeurs désignent nos états d’âme. Le corps a aussi les siennes. Entre les unes et les autres, quel rapport ?

L’humeur est une « disposition affective dominante et permanente d’une personne » ou « passagère, liée souvent aux circonstances », lit-on dans le dictionnaire Larousse. C’est également un « terme vieilli désignant tout liquide organique, tel le sang ou la lymphe. » Et nous ne voyons plus vraiment le rapport entre les premières, celles des passions de l’âme, et les secondes, celles du corps. Un même mot pour désigner les deux notions cache forcément une longue histoire.

Le tempérament explicatif

Dès l’Antiquité, Hippocrate (460-370 av. J.- C.) consacre aux humeurs une théorie qui restera la référence médicale pendant plus d’un millénaire. Le sang, la lymphe (ou phlegme, pituite), la bile jaune et la bile noire, aussi nommée atrabile, sont les quatre principales humeurs de l’organisme dont l’équilibre subtil détermine des tendances profondes du tempérament comme des maladies. La médecine grecque leur adjoint quatre éléments (l’eau pour la lymphe, l’air pour le sang, le feu pour la bile jaune et la terre pour la bile noire), quatre saisons et quatre « qualités » (chaud, sec, froid, humide). « Les maux du corps et de l’âme se répondent ainsi dans un système d’interdépendance, également connecté au cosmos », explique Jean-Claude Dupont, professeur de philosophie et d’histoire des sciences à l’Université de Picardie. À partir de cette configuration, Hippocrate décrit notamment différentes formes de délires, la mélancolie qui résulterait d’un excès de bile noire, ou le tempérament sanguin et colérique, sujet à des pathologies sanguines. Le traitement consiste à aider l’organisme à rééquilibrer les humeurs par des purges, des saignées, des exercices ou des régimes alimentaires.