Les jeunes et l'alcool

L'Europe est la région du monde où la consommation d'alcool est la plus élevée. Mais peut-être plus pour longtemps. Car depuis environ dix ans, le Vieux Continent est aussi celui qui connaît la plus forte diminution du nombre de buveurs. Une étude menée par l'Institut de recherche scientifique sur les boissons (Ireb), auprès de jeunes Français âgés de 13 à 20 ans, confirme cette évolution. L'enquête révèle qu'entre 1996 et 2001, la proportion de jeunes consommant de l'alcool a baissé de 67 à 55 %, avec une diminution de presque de moitié de la fréquence des ivresses. Outre le niveau d'alcoolémie des jeunes Français, cette étude nous renseigne sur la disparité des modes de consommation selon l'âge, le sexe et l'environnement. Dès l'âge de 17-18 ans, les garçons boivent ainsi trois fois plus que les filles, tant en quantité qu'en fréquence. C'est généralement dans le milieu familial que s'initie la consommation d'alcool. Mais certains milieux semblent plus à risque que d'autres. Un foyer où les parents sont divorcés divise en effet le risque de consommer de l'alcool par deux. Les chercheurs l'expliquent par le fait que l'alcool est souvent moins présent chez la mère (qui a la garde des enfants) que dans les familles unies, souvent plus festives. A partir de 17 ans, la boisson se socialise. On boit d'abord chez les amis, puis en boîte de nuit, puis au café. La prise de psychotropes (tabac, cannabis, médicaments...) accompagne souvent le premier verre d'alcool entre amis. Le passage d'un mode de consommation occasionnel à un mode régulier varie ensuite selon le sexe, les garçons seraient plus sensibles à la pression sociale et les filles aux problèmes psychoaffectifs (envie de suicide, communication difficile). Une étude menée aux Etats-Unis dresse des conclusions similaires, tout en soulignant l'influence néfaste des campus universitaires. Les étudiants y développeraient des « subcultures de la boisson », à l'origine d'une consommation d'alcool plus risquée et de plus en plus précoce.