Anne Barrère propose une approche originale de l'école. Elle a en effet choisi d'observer les lycéens au travail comme on observe les travailleurs en situation professionnelle, sans préoccupation pédagogique et sans s'inscrire a priori dans les problématiques d'inégalités sociales et d'échec scolaire. Elle a, en outre, su restituer ses observations dans une langue claire, accessible au lecteur non averti, tout en apportant d'utiles informations au spécialiste.
Anne Barrère souligne d'abord que « l'appel au travail scolaire » demeure, pour les professeurs comme pour les lycéens, le seul recours face aux difficultés ou au manque de motivation. La moitié des lycéens travaille entre 8 et 15 heures par se0maine en plus de leurs cours, et 20 % plus de 15 heures. Mais ce recours à l'effort est souvent problématique, car « dans un système devenu à la fois permissif et absurde », les prescriptions de travail délivrées aux lycéens ressemblent parfois aux injonctions paradoxales repérées par les psychologues dans les familles pathologiques. Les attentes de nombreux professeurs en matière de travail scolaire, qu'il s'agisse des prises de notes en cours, de la structure des devoirs ou du travail à la maison, peuvent être à la fois extrêmement exigeantes et fort peu explicites. Beaucoup d'élèves ont notamment du mal à saisir l'articulation attendue entre les exigences méthodologiques et les exigences de contenu (le « plan » et les « idées » en dissertation). En témoigne « la mystérieuse fluctuation des notes ». Ainsi cet élève, qui accepte mal une note exécrable en mathématiques alors que tous ses résultats sont justes : il n'a pas suivi les procédures de démonstration jugées pertinentes par le professeur.