Les mots qui comptent : SDF

Régulièrement, de nouveaux mots surgissent dans les débats d’idées et de société. Ils se répandent comme une traînée de poudre à travers revues et médias. En s’appuyant sur les statistiques de l’AFP, Julien Damon analyse chaque mois l’un de ces top ten de notre vocabulaire.
C’est à l’entrée de l’hiver que l’on parle le plus des SDF. L’abréviation, que l’on retrouve dès le XIXe siècle sur les registres de police, s’est imposée très récemment. Elle associe les significations de sans-logis (absence de logement), de sans-abri (victime d’une catastrophe), de clochard (marginal n’appelant pas d’intervention publique), de vagabond (qui fait plutôt peur), ou encore de mendiant (qui sollicite dans l’espace public).

 

Il n’en existe pas de qualification juridique stable. Sous le terme SDF se condensent des réalités variées, allant d’hommes isolés à la rue depuis longtemps jusqu’à des familles entières expulsées récemment de leur logement.

Alors que jusqu’au début des années 1990, on parlait surtout de clochards et de sans-abri, les trois lettres désignant les sans domicile fixe ont supplanté toutes les autres dénominations en 1993.

Cette année, qui voit l’explosion du mot, se caractérise par une récession économique, l’apparition des journaux de rue (Macadam, Le Réverbère, etc.) vendus par les SDF, et par des innovations institutionnelles importantes comme la création du Samu social à Paris.

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En 2006 et 2007, le mouvement organisé par l’association Les enfants de Don Quichotte a conféré une nouvelle visibilité médiatique aux sans-abri. En réponse a été institué le droit au logement opposable, qui se met peu à peu en place.

Les mots qui comptent : SDF