Les oubliés de la démocratie

Les oubliés de la démocratie.
 François Miquet-Marty
, Michalon, 2011, 
301 p., 17 €.

Les sondeurs, hommes de chiffres, sont réputés sortir bien peu de leurs bureaux. Mais certains pourtant n’hésitent pas à le faire : François Miquet-Marty s’en est allé rencontrer en personne une trentaine de Français de toutes conditions parmi ceux qui, pris au hasard, ont bien voulu répondre à ses questions sur leur rapport à la démocratie. Le résultat n’étonnera guère les familiers de la sociologie politique : l’apathie politique et le désenchantement dominent d’autant plus qu’on descend le long de l’échelle socioprofessionnelle. L’analyse qu’en fait F. Miquet-Marty est sans ambages : il croit pouvoir dégager de ces quelques entretiens la cause majeure de ce que l’on appelle la « crise de la représentation politique ». Le vécu subjectif de la plupart de ses interlocuteurs est marqué par leur incapacité à se penser comme membres de quelque collectif que ce soit. Tous sont pris dans leurs malheurs ou leurs bonheurs singuliers. S’ils attendent encore quelque chose de la politique, c’est surtout que l’on s’occupe d’eux en particulier. Comment alors songer même à les représenter ? Pour F. Miquet-Marty, cette dissolution du collectif appelle une refondation de la démocratie représentative pour prendre acte de ce fait. Il faudrait, explique-t-il, inventer une « démocratie contractuelle », où le représentant politique serait comme un syndic face à une assemblée de copropriétaires. C’est ce qu’à peu de chose près d’autres appellent la « démocratie participative ».